Science-Fiction et Soucoupes Volantes, trente ans après


    Une conférence de Bertrand Méheust
    Centre Culturel de Perwez le 25 février 2012 à 19h30


    Conférence


    1. Compte-rendu de la rencontre avec les membres du COBEPS

    Dans le but d’offrir à Bertrand Méheust un aperçu de la situation ufologique en Belgique francophone et à Bruxelles, plusieurs présentations ont été réalisées à savoir :

    • récapitulatif et statistiques 2011 (JMW)
    • le cas de l’architecte (JMWS et PFN)
    • le cas d’Engis (JMWS et PFN)
    • le cas de RR2 en province du Hainaut (DVE)

    Méheust a posé diverses questions relatives aux enquêtes et vérifications entreprises par les enquêteurs.

    Un échange avec les membres a suivi sur la relation entre soucoupes volantes et science fiction. Les auteurs de SF démontrent un caractère prédictif. À ce titre, nous avons les sous-marins imaginés par Jules Verne. Dès lors pourquoi les auteurs n’auraient-ils pas prédit les OVNI ? Cette coïncidence entre SF et SV a été constatée par Méheust. Selon lui, il existe une résonnance entre la littérature et le phénomène. Dans notre imaginaire, le phénomène correspond à quelque chose de mystérieux qui fait irruption dans l’environnement humain et des portraits-robots auraient été décrits en fonction des récits de SF.

    À la question de l’existence possible de similitudes entre les phénomènes paranormaux et le phénomène OVNI, Bertrand Méheust souligne leur caractère élusif. À titre d’exemple, les poltergeists ressemblent le plus aux OVNI puisqu’il est difficile de les photographier dans les deux cas. Le côté thématique est également un point de comparaison, ce qui ouvre la porte à une explication psychologique (exemple : les stigmates. Les OVNI prennent aussi la forme d’une représentation culturelle). La grande différence entre les phénomènes paranormaux et les OVNI est le caractère hétéroclite et fragile de ces derniers. En résumé, les OVNI sont du domaine de l’indécidable.

    Méheust pense qu’il n’est pas fécond d’affirmer que l’ensemble relève du psychosociologique. Selon lui, même s’il s’agit d’une illusion, elle est féconde pour la connaissance. Par exemple le mesmérisme est une illusion qui a fécondé la psychologie moderne. Méheust estime utile d’élargir la question des OVNI et d’essayer de comprendre en quoi ils sont nouveaux (depuis Kenneth Arnold 1947) et dès lors les étudier davantage.


    2. Conférence Science fiction et soucoupes volantes1.

    En juin 2007, les éditions Terre de Brume ont réédité Science-fiction et soucoupes volantes, paru en 1978, et épuisé depuis longtemps. Méheust a conservé le texte original, mais l’a augmenté d’une préface d’une cinquantaine de pages et d’une iconographie inédite.

    Méheust a tenu à remettre en circulation ce texte vieux de trente ans, car à ses yeux le problème auquel il s’attaque n’est plus guère pris en compte dans les débats actuels, alors qu’il conditionne notre compréhension du phénomène OVNI.

    Pour comprendre son propos, il faut situer le contexte de ce livre. Méheust l’a écrit entre 1975 et 1977, c’est à dire en en pleine apogée de l’ufologie classique. L’idée prédominante était alors que la phénoménologie soucoupique transcende par son étrangeté tout ce que les hommes ont pu imaginer dans le passé. Les calages de moteurs, les téléportations, les faisceaux courbes ou tronqués, les examens médicaux, les contacts psychiques, les dématérialisations, les accélérations foudroyantes, tout cela, pensait-on, constituait des nouveautés absolues dont on aurait bien été en peine de trouver la trace dans les productions imaginaires antérieures de l’humanité. En d’autres termes, l’étrangeté radicale des rapports était invoquée par les commentateurs de l’époque comme une des meilleures preuves en faveur de l’objectivité du phénomène ovni. Les témoins n’avaient pu imaginer leurs expériences, d’autant que, rapportées en divers endroits de la planète, elles présentaient des analogies troublantes.

    Aujourd’hui, avec du recul, cette conviction lui paraît bien naïve. Il nous paraît étrange que la proximité des rapports d’OVNI et des thèmes de la SF n’ait pas été immédiatement perçue. Mais l’expérience historique nous montre qu’une mythologie naissante n’apparaît jamais comme telle aux yeux de ceux qui la vivent, et se donne au contraire comme la réalité même. À l’époque, cette ignorance était favorisée par un cloisonnement des milieux concernés. Les ufologues et les amateurs de SF s’ignoraient, et parfois se dédaignaient, pour ne pas dire plus. Entre ces deux mondes l’information circulait peu . Il se trouve que vers 1975 Méheust était un des rares ufologues à s’ intéresser à la vieille SF populaire. C’est ainsi que lui est venue l’intuition développée dans Science-fiction et soucoupes volantes.

    Cette intuition peut se résumer en une phrase : quand l’OVNI paraît, le copyright est déjà pris depuis longtemps. La forme et le comportement des objets aériens, les effets qu’ils produisent sur l’environnement matériel et humain, la faune des humanoïdes, les moteurs qui calent, les phares qui s’éteignent, les témoins téléportés ou « pompés » dans des rayons de lumière, les fééries lumineuses, les contacts psychiques, les enlèvements, les examens médicaux, les implants, bref tous les effets spéciaux que décriront les témoins d’OVNI à partir de 1947, ont leur équivalent précis dans des vieux textes de SF écrits entre 1880 et 1945. Pour dire la chose autrement, la phénoménologie soucoupique, surtout dans les enlèvements et les rencontres rapprochées dites de « haute étrangeté », répercute et réorganise dans le vécu le bagage de stéréotypes imaginé jadis par les écrivains de SF pour mettre en scène l’irruption des extraterrestres ou les menées démoniaques des savants fous. Le portrait robot des OVNI qui se cristallise au début des années cinquante, et qui est resté gravé dans nos esprits, a été forgé à partir de représentations empruntées à la SF populaire de la première moitié du XIXe siècle, par des acteurs qui sont allés puiser inconsciemment dans ce répertoire. Il est impossible de progresser dans la question des OVNI tant que l’on ne s’est pas pénétré de cette idée.

    La conférence de Bertrand Méheust est composée de deux parties distinctes. Premièrement, la coïncidence SF-SV par des documents visuels. Ensuite viennent les interprétations que ce constat suggère, en se demandant comment l’ufologie peut le surmonter sans tomber dans le réductionnisme. Les OVNI du passé semblent une voie féconde pour comprendre le phénomène. Bertrand Méheust a exploré aussi sur le lien établi en 1978 entre les OVNI et les phénomènes paranormaux.